Nice, 14 juillet 2016

Hier soir, je marchais dans le jardin des Tuileries à Paris pour aller voir le feu d’artifice chez des amis qui habitent près de la Tour Eiffel.

Le crépuscule était somptueux, la température idéale, une lumière d’or recouvrait les massifs de fleurs, les frondaisons des marronniers, les piques-niques joyeux.

En profitant de cet instant, je me suis surprise à me recueillir en mémoire des victimes de Paris, de Bruxelles, d’Orlando.

Il y a quelques semaines l’angoisse régnait dans les rues et ce soir, tout semblait si léger. Les couples de toute nature, les groupes d’amis de toutes couleurs, les marcheurs solitaires, tous convergeaient tranquillement vers le Champ de Mars.

J’ai pensé en moi-même que des barbares pouvaient bien endeuiller de malheureuses familles et semer ponctuellement la terreur, nous serions toujours plus nombreux. Que la vie, la liberté sauraient toujours persister, dans le temps long.

Plus tard, devant le spectacle délicat des bouquets pyrotechniques pailletant le bleu de la nuit, je ne pouvais m’empêcher de penser que parmi les Hommes, quand certains inventent la poudre pour tuer, d’autres en détournent l’usage à des fins artistiques, pour distraire, émerveiller, élever les autres Hommes.

Certains passent leur vie à s’ingénier pour imaginer des fusées merveilleuses, calculer les bons enchaînements en vue du meilleur effet de surprise, du plus beau camaïeu de couleurs, jusqu’au tableau aussi céleste qu’éphémère qui suscitera le plus d’exclamations étouffées, d’admiration suspendue, hors du temps, chez des spectateurs bouche bée.

D’autres passeront la leur à combiner quand, comment et où un camion de location pourrave lancé à pleine vitesse sur ces mêmes spectateurs bouche bée pourra faire le plus de victimes, hommes, femmes, enfants, sans distinction d’âge ou d’origine, en créant le maximum de terreur.

À Nice, le 14 juillet 2017, nous serons là et le feu d’artifice sera sublime.